L'hiver est une saison qui m'a toujours tenu à c½ur. Il y fait froid, il neige, tout se recouvre de blanc, on rend immaculé la page qu'à laissé un automne pluvieux. C'est froid et glacial. J'ai toujours aimé ça et peu importe l'époque où j'ai vécu. Surtout quand il neige, enfin il neige de moins en moins ici je trouve ça dommage. Avant les gens mourraient du froid, à cause d'un rhume ou d'une grippe, maintenant ils le détruisent avec des chauffages, ça me donne encore moins pitié de ces mortels...
« Vice, tu es encore dans la lune, je te rappelle qu'on doit sortir ce soir. »
En me retournant de la fenêtre sur laquelle j'étais concentré en espérant voir des flocons de neige je fais face à mon collègue. Un grand, brun, qui sourit souvent et dont "la chaleur réchauffe l'atmosphère" à ce qu'on dit. Heureusement qu'on ne dit pas ça de moi, j'aurai bouffé le premier qui s'y serait amusé. Je hoche la tête envers mon cadet avant de passer pour aller à la porte.
« T'as raison, moi aussi j'ai faim.
- Tu ne pense qu'à manger...
- Pas toi ?
- Non.
- Je sors pour chasser ne pense même pas qu'on va aller à un de ces marchés débiles qu'ils font !
...
Faible. Je dois l'être. Comment ai-je pu me laisser entraîner dans cet endroit remplit de monde où personne ne respecte l'espace personnel d'un autre ? Je finirais par manger Daniel c'est moi qui vous le dit... Le brun va sourire à tout le monde, s'arrête à tous les stands, me traîne partout où il peut, jusqu'à ce que j'en ai marre et que je ne trouve ma sortie. Là, une rue mal éclairée parfaite pour les types louches, avec un peu de chance j'en croiserai un que je pourrais becter. Semant mon bourreau je m'avance doucement, s'il avait neigé mes pas auraient crisé sur la poudre blanche et auraient sûrement fait moins de bruit... ils résonnent, j'apprécie l'écho mais...
« Ne bougez plus. »
Je me fige et lève les mains en l'air en sentant une pointe contre mon dos. L'hiver ne refroidit sûrement pas le sang chaud des délinquant. J'aime quand les choses sont prévisibles.
« Donnez moi votre portefeuille et votre portable avec le code.
- Sinon quoi ? »
Il me répondit en enfonçant un peu plus son couteau dans mon dos, si loin que ça me fit saigner. Quand on ne porte pas grand chose en même temps ça n'offre pas grande protection. Une chose m'énerve plus que le fait que ces porcs me prennent pour quelqu'un comme les agneaux égarés, qu'on abime mes vêtements. Un crisement de mâchoire, lui qui s'impatiente, moi qui me retourne pour sortir mon portefeuille de ma poche, capituler, ou presque. Je le laisse s'éloigner le temps de quoi ... une poignée de secondes ?
« Tu ne peux pas t'en empêcher hein !? Vice !
- Bon sang mais puisque je te dis qu'il m'avait menacé !
- Tu as fais une boucherie avec ses entrailles ! »
Ce que je peux le détester... Je hausse les épaules avant de m'éloigner une nouvelle fois. A ma plus grande surprise la neige commence à tomber, doucement, avec de gros flocons. Est-ce qu'elle va rester ? Je me prends à espérer, marchant dans la rue comme quelqu'un d'un peu perdu, un peu lassé, avec le pas lent. Je n'ai pas envie de dormir cette nuit, s'il neige je me sentirai bien. Je croise une jeune fille qui attend sous un lampadaire, elle n'est pas très couverte et elle réchauffe en vain ses mains avec son souffle. Se serait-elle faite lâchée ? Quelle pauvre petite chose.
« Monsieur ! »
Je sursaute. Je ne l'avais pas dépassé sans la moindre hésitation ? Elle n'a aucune gêne celle là... Je me retourne pour la voir s'approcher, avec ses petites mains rougies par le froid, et ses joues irritées.
« Quoi ?
- Hem... je me suis perdue...
- Quel... dommage. »
Que dire d'autre ? Je n'allais pas m'amuser à traîner les chiens perdu moi. Elle paru un peu plus froide d'un coup, les sourcils froncés, la mine d'un enfant qui sait ce qu'il veut.
« Aidez moi bon sang ! Par ce froid...
- Ce n'est pas mon problème mademoiselle.
- Quelle cruauté, vous êtes un imbécile.
- Quoi comme dans les contes pour enfants vous allez être une bonne fée qui va me transformer en crapaud parce que je l'ai pas aidé c'est ça ? »
[f=transparent]La petite châtaine ne parut pas quoi répondre pendant un instant avant de me baffer sans aucune gêne. Hein ?
« Vous allez m'aider point barre ! Sinon je vous suis partout et je prétends que vous ne voulez pas assumer votre rôle de paternel !
- Mon rôle.. de quoi ?
- Vous m'avez très bien compris ! Je vais faire un scandale ! »
Pourquoi faut-il que je tombe sur la seule personne au monde assez idiote pour défier un démon... ? Enfin là c'est plutôt elle qui est démoniaque... Je grogne en serrant la mâchoire puis me remet en marche, comme elle l'a promit elle me suit cette petite catin... Je me retourne d'un coup et la jeune femme bute dans mon torse avant de tomber par terre. Quelle... maladresse...
« Argh ! Vous n'êtes qu'un rustre !
- La vie n'est pas un conte de fée mademoiselle et je ne suis pas un prince charmant. Bref, vous voulez aller où ?
- Rue du Rouge-gorge, le cinq. »
Je... ne sais pas du tout où c'est. Mais je suppose que si je lui dis ça elle ne me croira pas et me collera pour toute ma longue vie... Je me mets en marche en ronchonnant, pourquoi ça tombe sur moi ?
...
« Vous êtes sûr de savoir où vous allez ?
- Pas vraiment...
- Mais c'est pas compliqué bon sang !
- Taisez vous ou je vous jure que je vous étripe ! »
Et encore sa tête de sale gosse... bordel pourquoi les rues se vident quand on a besoin d'un guide !? Rue du Rouge-gorge... Rue du Rouge-gorge... pas un seul panneau ! Je commence à sérieusement perdre patience alors que j'entends la cloche de l'église d'à côté sonner minuit. Je bifurque à droite, à gauche, marche plus vite, pourquoi je ne me contenterai pas de la bouffer celle là aussi !? Je me retourne encore si subitement qu'elle refait la même connerie que tout à l'heure. Je gronde avant de voir qu'elle a perdu sa petite mine de fière caractéristique de l'emmerdeuse. Je lui tends la main et la lève avec un soupire.
« Mademoiselle, je suis au regret de vous annoncer que je ne sais pas du tout où est votre rue.
- Ah...
- Si vous oubliez cette histoire de scandale paternel... vous n'avez qu'à venir chez moi. »
Elle releva vers moi de grands yeux verts rallumés de leur petite flamme. C'était si niais que j'aurai pu la confondre avec un chaton, mais je n'avais pas cette tendresse. Elle me sourit en reniflant disgracieusement, avant de me prendre par le bras pour se soutenir. Les filles...
« Au fait, je m'appelle Alyssa.
- C'est vrai qu'il serait temps que je sache comment s'appelle la mère de mon enfant... »
La châtaine se mit à rire de bon coeur, même un peu plus, chaleureusement, avec un rire cristallin qui faisait écho. Je ne pensais pas que j'avais un humour si significatif. Je roula des yeux avant de m'engager dans les rues que je connaissais, je voulais rentrer chez moi.
« Et vous, comment vous vous appelez ?
- Vice.
- Et pourquoi vous ne vous déridez pas même quand vous faites des blagues ?
- Je ne sais pas, j'ai toujours été comme ça.
- Aussi froid que l'hiver ! C'est dommage. »
...
Elle avait enfin fermé son clapet, elle m'avait juste suivit docilement jusqu'à chez moi alors que la neige commençait à s'accumuler dans les rues. Quand j'ouvris ma porte je ne fus pas surpris de la voir frissonner. Il fait froid chez moi. Je rentre, et la laisse vagabonder en allumant les lumières. Elle a l'air de s'y sentir comme chez elle, bon... Attendez qu'est-ce qu'elle fait dans ma cuisine !? Quand j'essaie d'y rentrer elle me ferme la porte au nez. Quoi !? Moi qui me laisse attendrir et voilà comment on me remercie !? Je vais la bouffer. J'attends en faisant les cents pas, qu'elle sorte, qu'elle arrête son petit remue ménage inutile dedans, que je puisse lui sauter dessus. Qui est le démon ici !? Quand elle ouvre enfin je m'apprête à aller la charcuter avant de me stopper en la voyant tenir deux tasses dont des guimauves dépassent. Hein ?
« Voilààààà !
- Quoi ? . . .
- Tenez ! »
Elle me fourra une des tasses dans la main, du chocolat chaud, avec des guimauves... j'ai le dont de buguer pour tout et n'importe quoi. La jeune femme sourit, attendant sans doutes une réaction, mais rien d'autre que de l'étonnement ne peut se voir sur mon visage.
Depuis j'aime toujours mes hivers froid et enneigés accoudé à ma fenêtre pour sentir cet air glacial. Mais avec une tasse de chocolat chaud accompagné de guimauves.
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